Me trouvant dans un pays civilisé (du moins du point de vue culinaire), je profitais du fait que mes parents me nourrissaient durant mon séjour pour reprendre mes charmants kilos, qui m'avaient tout de même manqués.

Bref, je me repu de pastilla, tajine, tangia et autre couscous autant que je pus.

Bon, je ne vous mettrais pas vraiment l'eau à la bouche sans vous décrire un repas typique, ou tout du moins le genre de repas que nous eûmes à Marrakesh.

En général, suivant notre appétit, nous prenions une salade en entrée, ou, histoire de nous immerger plus encore dans les coutumes alimentaires locale, de la harira.
Cette soupe, très consistante, est une soupe à la tomate, avec plein d'épice dedans, des vermicelles et des pois chiches. Ceux qui connaissent mon amour pour les pois chiches vous diront combien j'ai du aimer cette soupe, que l'on consomme avec des dattes.

Le plat de résistance venait ensuite : le premier soir je goûtais une pastilla au poulet. C'est un peu un feuilleté au poulet. C'est également sucré-salé, et je me suis régalée.
Les jours suivants, j'eus tout le loisir de gouter les différentes sortes de tajines (plat de viande cuit à l'étouffé). Boeuf, mouton, poulet... J'eus l'occasion de tout essayer.
Depuis, j'ai eu le temps d'oublier lequel je préférais.

Pour finir, nous prenions des pâtisseries, la grande majorité pleine de miel et d'amande...
Une fois encore, je me servais deux fois plutôt qu'une.
Et bien sur, pour faire couler le tout, nous achevions ces repas de thé à la menthe, le whisky berbère.
Je précise tout de même que les marocains ont un léger penchant pour leur whisky, et qu'ils en consomment autant que les irlandais consomment leur Guiness, et dans les mêmes occasions.
Enfin, moi, à 4h de l'après-midi, je préferre tout de même un petit verre de thé.

D'ailleurs, servir le thé est devenu très vite un jeu : c'était à celui qui verserait le thé en tenant la théière le plus haut possible... Les verres étant relativement petit (à peine plus grand que les shooters auxquels je suis plus habituée), c'est un exercice amusant, qui a envoie des petites gouttelettes tout partout autour du verre...

Bref, en général ce thé est servi avec la théière, et si le premier verre (sucré comme la vie) est facile à avaler, si ce n'est de la température, le goût des verres suivants est de plus en plus prononcé (car le thé continue à infuser) le second étant fort comme l'amour, et le dernier amer comme la mort.

Mais nous ne faisions pas que hanter les restaurants, nous avons également arpenté la place Jamaâ El Fna, qui regorge de montreur de singes, de serpents et autres curiosité le jour, mais où des sortes de stands se montent dès 16h pour le repas du soir...
Là se côtoient des baraques où l'on sert des escargots, des têtes de mouton (cervelle et langue), de la harira, et bien sur des tangines et brochettes de viande, accompagnés de légumes ou de frites (souvent froids, tout de même).
En ces occasions, on est alpagué tout les deux mètres par des rabatteurs chargés d'attirer les clients. Ces rabatteurs, après vous avoir installé, ne se gênent pas plus que ça pour vous bousculer un peu et installer d'autres clients ("Si, si, il y a la place pour douze personnes, allez, poussez vous un peu s'il vous plait !").

C'est fort convivial, mais une fois le repas fini, c'est avec joie que nous nous tournions vers les stands plus calmes (enfin, tout est relatif) des vendeurs de jus d'orange.
Ces derniers vous interpellent également pour vous inciter à boire chez eux (vraiment, ils boivent peut être plus que les irlandais, ces gens là...).
Charmés par le sourire d'un charmant jeune home, nous délaissions plusieurs autres roulottes (ah, oui, ces stands là sont montés sur roulotte).
En attendant mon verre, je tournais mon regard vers le vendeur que nous avions évincé, pour découvrir la très grande courtoisie qu'il maintenait à notre égard, de son plus beau majeur.

Je décidai néanmoins que notre vendeur était bien plus mignon, et bu mon verre, tout en lorgnant l'étalage de fruits secs sur la carriole d'à côté.
Dattes, figues, raisins secs, cacahuètes et autres paraissaient n'attendre que nous, et mon père ne se fit pas prier pour prendre une bonne ration de fruits.

Ceci constituait notre quotidien culinaire, mais nous eûmes également droit à une invitation  à dîner en bonne et due forme d'un ami marocain chez ses parents.
Là bas, nous pûmes déguster la meilleure harira de ce séjour, et goûter à la tangia.
La tangia, pour la petite histoire, est un plat de viande cuit encore une fois à l'étouffer, mais dans une sorte de jarre. Il est cuisiné par les hommes, et nécessite 3 heures de cuisson.
Mais les hommes, au lieu de mettre viande, légumes et aromates dans la jarre, la jarre sur le feu, et s'en retourner ensuite à la lessive, prennent cette excuse pour aller cuisiner entre hommes, autour d'un verre de thé à la menthe.
Non, mais vraiment...

Le plat n'en reste pas moins délicieux qu'il se mange avec les doigts. Vous me direz que tout se mange avec les doigts, ici...
Oui, mais au restaurant et sur la place, touristes obligent, nous avions droit à des couverts.
Bref, ici nous rompîmes le pain, et utilisâmes ce dernier pour nous servir des morceaux de viande, avec beaucoup de sauce tout de même.
Avant de passer à la suite, nous eûmes même droit au "lavabo mobile" : une sorte de grande théière associée à un bassin.
Notre hôte nous versa donc de l'eau tiède (quel délice !) sur les mains, et nous présenta une serviette pour les essuyer.

Le dessert était également très bon.
Il faut dire que c'était des fruits.
J'ai toujours dit que les fruits ne se cuisinaient pas.
Ça leur fait perdre leur saveur.

Mais tous ces plats typiques sont extrêmement riches.
Bien plus que mon ordinaire dublinois.

Je passais donc ma dernière nuit sur le sol marocain aux toilettes.
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