Quand on sort à Dublin, on trouve facilement des pubs qui jouent de la musique, et souvent en live.
C'est ainsi que j'ai rapidement découvert le Mezz, qui passe de la musique reggae et rock, proposant des concerts plusieurs fois par semaine.

Parfois, tout de même, je m'aventure hors de cette bulle musicale pour découvrir d'autres pubs, espérant ainsi étendre ma culture musicale, bornée par le Mezz à Rage Against the Machine, the Clash et Bob Marley.

C'est très bon, tout cela, me direz vous...
Oui, mais changer, c'est bien aussi...
J'ai donc suivi une autre bande que mes habituels compères musiciens, pour m'en aller explorer les tréfonds de Temple Bar.

Nous nous sommes aventurés au Porter House (bar à bière bien connu), un soir de musique live, comme il y en a tant.
Je ne m'inquiétai pas de la cacophonie du départ, bien que les musiciens semblaient tout de même moins bon que le groupe du vendredi soir du Mezz.

J'aurai du.
Le chanteur... n'avait pas de voix.
Le batteur... avait l'entrain d'un paresseux dépressif.
Le bassiste... n'existait pas. Mais vraiment. C'était un groupe de rock sans bassiste.
Chocking.

Bref, le seul membre du groupe qui valait le détour était le guitariste.
Qui, pour le coup, avait l'air aussi déprimé que moi par le reste du groupe.
J'avais envie de monter sur scène pour lui faire un câlin et lui murmurer à l'oreille des "Ne t'en fais pas, ça sera mieux la prochaine fois... Faut juste trouver la bonne personne...". Je me retenai, après tout le chanteur avait l'air sérieusement en manque, il prenait la barre qui délimitait la scène pour... euh...
Non, vraiment, c'était pas glorieux.

Je rentrai donc chez moi, reposant mes oreilles sur le retour grâce à la playlist de mon mp3.

Quelques temps après, juste avant la saint Valentin, les mêmes personnes me proposaient une autre sortie, dans un pub australien cette fois.
J'acceptai, après tout, une sortie est toujours bonne à prendre.
En entrant dans le pub, j'avisai diverses allusions à ce qu'on en commun les australiens et les irlandais : le rugby.
Un tel pub, ça ne peut pas être mauvais. Je me rendais compte assez rapidement d'ailleurs que ce n'était pas seulement un pub australien, mais qu'il représentait l'océanie toute entière : un poster des blacks en plein Haka était affiché sur tout un pan de mur.
De bonne surprise en bonne surprise, je me demandais ce qui pouvait mal tourner dans un cadre aussi idyllique.

Et bien j'eus droit à une contre soirée saint-Valentin.
Je m'explique : prenez tout un groupe de célibataires (filles, hein ?), des chansons aux paroles mièvres, un rétro projecteur.
Le thème de la soirée étant, vous l'aurez deviné, un karaoké.
Ça peut être sympa, si les amateurs chantent justes.
Ça peut être drôle, si les amateurs délirent sur scène avec une gestuelle digne de Louis de Funès.

Ou bien ça peut être juste pathétique.
Et devant mon air effaré, mes camarades ont deviné que selon moi, cette soirée était pathétique.
Nous en profitâmes néanmoins pour jouer les parisiennes et critiquer allègrement la brochette de célibataires.
Pas si allègrement que ça, d'ailleurs, nous nous contentâmes de plaindre notre pauvre ouïe... et de quitter ce pub au plus vite.

Mais comme jamais deux sans trois, je retentais l'expérience et sortais une fois encore avec mes camarades non musiciens. Nous avions d'abord voulu nous rendre au concert de la chorale de TCD, mais apprenant que le billet était à 15€, nous révisions nos plans, et nous nous sommes rendus au Pravda (ambiance rouge, vous vous en doutez) pour un concert des Eskies.
J'étais restée dubitative en écoutant des extraits sur internet, mais tachais de modérer tout cela en me disant que bien souvent, un live est bien meilleur qu'une écoute sur internet.

Bref, je m'installais avec une pinte en attendant le début du concert.
La première partie s'est plutôt bien déroulée, mais le concert des Eskies en lui même...
Bref, je résumerai en vous disant que le son était pourri.
La guitare passait mal, on entendait peu la basse, la batterie faisait grincer des dents...

Je songeais donc à rentrer chez moi, pour écouter du bon vieux rock.
Mais là encore, je jouais de malchance : mon disque dur externe avait rendu l'âme, emportant avec lui la majeure partie de ma musique, me laissant seule, ici, à Dublin, avec un porte-poisse musical, aucun CD, et encore 3 mois à survivre dans ce vide culturel.

Voulant conjurer le sort, je demandais autour de moi si il n'existait pas un pub où l'on pouvait écouter un peu de Jazz.
On me conseilla le Gubu Bar, en tout cas il passait du Jazz il y a quelques années.
J'allais donc vérifier sur internet les informations, et tombais sur un site qui confirmait. J'appris également que c'était un bar gay. Bien, pourquoi pas...
Nous nous mîmes donc en quête de cette perle rare. Et nous ne la trouvâmes point.
Un charmant Irlandais nous indiqua cependant l'emplacement d'un autre pub ayant remplacé l'ancien.
Espérant qu'il ne s'agissait que d'un changement de nom, nous scrutâmes l'intérieur, pour découvrir quatre hommes, plutôt bien faits de leur personne et bien habillés, mais sans l'ombre d'une musique live, ou d'un semblant d'ambiance jazz.

Un peu déçues de ne trouver qu'un simple bar, nous rebroussâmes chemin, et préférâmes nous plonger dans Milk.
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